Le vendredi 28 février 2025

L'édito GZ : SIA 2025, entre crise et enjeux de souveraineté agricole

Un rendez-vous sous haute tension


Le Salon de l'Agriculture 2025 s'ouvre dans un contexte explosif. Si cet événement est  traditionnellement une vitrine du monde agricole, permettant aux producteurs de valoriser  leur travail et aux politiques de parader dans les allées, cette année s’annonce bien  différente. En effet, l’agriculture française traverse une crise sans précédent, marquée par  des mobilisations massives en 2024 et en ce début d’année 2025.

La colère des agriculteurs ne faiblit pas. Étranglés par les normes européennes toujours  plus contraignantes, menacés par des accords de libre-échange déséquilibrés comme  celui avec le Mercosur et victimes d’une concurrence déloyale, ils expriment un ras-le-bol  profond. Face à ces enjeux, le Salon de l'Agriculture ne sera pas qu’une simple vitrine,  mais un véritable test politique pour le gouvernement et les oppositions. 

L'agriculture française sous pression : un secteur en  crise  

Le spectre des manifestations agricoles  

L'année 2024 a été marquée par une vague de protestations sans précédent. De la  Bretagne à l’Occitanie, en passant par la Champagne, les agriculteurs ont bloqué les  routes, déversé du fumier devant les préfectures et pris d’assaut les supermarchés pour  dénoncer l’injustice du système actuel. 

Leurs revendications sont claires : des prix rémunérateurs, une simplification  administrative, et surtout, la fin d’une politique qui les met en concurrence avec des  produits importés ne respectant ni les normes environnementales, ni les standards sociaux de l’Union européenne et le coût du travail aec la fiscalité locale très défavorables à la France.

Début 2025, malgré quelques concessions du gouvernement, le feu couve toujours. La  menace d’un embrasement général plane sur ce Salon, où le président et son  gouvernement risquent d’être accueillis sous les huées. 

Le cas du Mercosur  

Parmi les causes majeures de cette colère, l’accord de libre-échange entre l’Union  européenne et le Mercosur cristallise toutes les tensions. Cet accord prévoit d’importer  massivement de la viande sud-américaine, produite à bas coût dans des conditions qui  ne respectent en rien les standards imposés aux agriculteurs français. 

Le résultat est une concurrence totalement biaisée : comment un éleveur français, soumis  à des normes environnementales et sanitaires drastiques, peut-il rivaliser avec une viande  brésilienne produite sans les mêmes contraintes ? Cette situation pousse de plus en plus  d’exploitations à la faillite et alimente un sentiment de trahison parmi les agriculteurs. Loin d’être un simple enjeu sectoriel, cette question illustre un problème plus large : la  souveraineté alimentaire de la France est en jeu. 

Un Salon de l'Agriculture 2025 sous tension politique  

Une tribune pour les agriculteurs et un test pour le  gouvernement  

Le Salon de l’Agriculture n’est plus seulement une fête pour les amoureux du terroir :  c’est désormais un champ de bataille politique. Pour les agriculteurs, c’est l’occasion de  faire entendre leur voix et d’interpeller directement les responsables politiques. Mais pour le gouvernement, c’est un moment redouté. Emmanuel Macron et François  Bayrou savent qu’ils seront confrontés à une colère populaire intense. 

Les oppositions, de leur côté, ont bien compris l’importance stratégique de ce rendez- vous. Tous veulent incarner la défense du monde agricole contre une politique perçue  comme soumise aux diktats de la Commission européenne. 

Quelle issue politique pour cette crise ?  

Les réponses gouvernementales seront déterminantes. Le ministre de l’Agriculture a  promis des "mesures fortes", mais les agriculteurs veulent du concret : une protection  face aux importations déloyales, des aides simplifiées et efficaces, et une réforme  profonde de la Politique Agricole Commune pour qu’elle cesse de pénaliser les  exploitants français. 

Sans changements profonds, ce Salon risque d’être le théâtre d’une nouvelle  confrontation entre le monde rural et le pouvoir en place comme cela fut le cas l’an  dernier. 

Vers une souveraineté agricole française ?  

Repenser le modèle agricole pour une indépendance  alimentaire  

Si la crise actuelle révèle les failles du système, elle peut aussi être l’occasion de repenser notre  modèle agricole. La souveraineté alimentaire doit redevenir un objectif stratégique pour la France. Cela passe par :

Les différents circuits agricoles

Un protectionnisme intelligent : taxer les importations ne respectant pas nos standards de  production.

• Une valorisation du “produire Français” : circuits courts, transformation locale,  relocalisation de la filière agroalimentaire.

• Un soutien massif aux jeunes agriculteurs pour éviter la désertification rurale et encourager  la transmission des exploitations.

La relocalisation ne concerne pas seulement l’automobile ou l’électronique : elle doit aussi inclure  l’agriculture, en relocalisant la production d’engrais, de matériel agricole et d’aliments pour le  bétail.

 

Un rôle clé pour les consommateurs et les politiques  

L’État doit être un acteur protecteur du monde agricole, mais les consommateurs ont  aussi un rôle à jouer. Privilégier les produits français, exiger une meilleure traçabilité,  refuser le dumping imposé par la grande distribution : tout cela contribue à soutenir nos  agriculteurs. 

Le Salon de l'Agriculture 2025 ne sera pas seulement un moment de crise. Il pourrait  aussi marquer le début d’un réveil, où la France redécouvre que sa souveraineté passe  d’abord par son indépendance alimentaire. 

Conclusion  

Face à la colère qui monte, l’exécutif joue gros. Une absence de réponse à la hauteur des  attentes pourrait bien alimenter encore davantage le rejet d’une politique perçue comme  hostile au monde rural. 

 

Mais au-delà des tensions immédiates, une question essentielle se pose : la France veut elle encore être une grande nation agricole, ou choisira-t-elle de sacrifier son  indépendance sur l’autel du libre-échange ?

 


Liam Bogaert, militant Génération Z Essonne