L'édito GZ : SIA 2025, entre crise et enjeux de souveraineté agricole
Un rendez-vous sous haute tension
Le Salon de l'Agriculture 2025 s'ouvre dans un contexte explosif. Si cet événement est traditionnellement une vitrine du monde agricole, permettant aux producteurs de valoriser leur travail et aux politiques de parader dans les allées, cette année s’annonce bien différente. En effet, l’agriculture française traverse une crise sans précédent, marquée par des mobilisations massives en 2024 et en ce début d’année 2025.
La colère des agriculteurs ne faiblit pas. Étranglés par les normes européennes toujours plus contraignantes, menacés par des accords de libre-échange déséquilibrés comme celui avec le Mercosur et victimes d’une concurrence déloyale, ils expriment un ras-le-bol profond. Face à ces enjeux, le Salon de l'Agriculture ne sera pas qu’une simple vitrine, mais un véritable test politique pour le gouvernement et les oppositions.
L'agriculture française sous pression : un secteur en crise
Le spectre des manifestations agricoles
L'année 2024 a été marquée par une vague de protestations sans précédent. De la Bretagne à l’Occitanie, en passant par la Champagne, les agriculteurs ont bloqué les routes, déversé du fumier devant les préfectures et pris d’assaut les supermarchés pour dénoncer l’injustice du système actuel.
Leurs revendications sont claires : des prix rémunérateurs, une simplification administrative, et surtout, la fin d’une politique qui les met en concurrence avec des produits importés ne respectant ni les normes environnementales, ni les standards sociaux de l’Union européenne et le coût du travail aec la fiscalité locale très défavorables à la France.
Début 2025, malgré quelques concessions du gouvernement, le feu couve toujours. La menace d’un embrasement général plane sur ce Salon, où le président et son gouvernement risquent d’être accueillis sous les huées.
Le cas du Mercosur
Parmi les causes majeures de cette colère, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur cristallise toutes les tensions. Cet accord prévoit d’importer massivement de la viande sud-américaine, produite à bas coût dans des conditions qui ne respectent en rien les standards imposés aux agriculteurs français.
Le résultat est une concurrence totalement biaisée : comment un éleveur français, soumis à des normes environnementales et sanitaires drastiques, peut-il rivaliser avec une viande brésilienne produite sans les mêmes contraintes ? Cette situation pousse de plus en plus d’exploitations à la faillite et alimente un sentiment de trahison parmi les agriculteurs. Loin d’être un simple enjeu sectoriel, cette question illustre un problème plus large : la souveraineté alimentaire de la France est en jeu.
Un Salon de l'Agriculture 2025 sous tension politique
Une tribune pour les agriculteurs et un test pour le gouvernement
Le Salon de l’Agriculture n’est plus seulement une fête pour les amoureux du terroir : c’est désormais un champ de bataille politique. Pour les agriculteurs, c’est l’occasion de faire entendre leur voix et d’interpeller directement les responsables politiques. Mais pour le gouvernement, c’est un moment redouté. Emmanuel Macron et François Bayrou savent qu’ils seront confrontés à une colère populaire intense.
Les oppositions, de leur côté, ont bien compris l’importance stratégique de ce rendez- vous. Tous veulent incarner la défense du monde agricole contre une politique perçue comme soumise aux diktats de la Commission européenne.
Quelle issue politique pour cette crise ?
Les réponses gouvernementales seront déterminantes. Le ministre de l’Agriculture a promis des "mesures fortes", mais les agriculteurs veulent du concret : une protection face aux importations déloyales, des aides simplifiées et efficaces, et une réforme profonde de la Politique Agricole Commune pour qu’elle cesse de pénaliser les exploitants français.
Sans changements profonds, ce Salon risque d’être le théâtre d’une nouvelle confrontation entre le monde rural et le pouvoir en place comme cela fut le cas l’an dernier.
Vers une souveraineté agricole française ?
Repenser le modèle agricole pour une indépendance alimentaire
Si la crise actuelle révèle les failles du système, elle peut aussi être l’occasion de repenser notre modèle agricole. La souveraineté alimentaire doit redevenir un objectif stratégique pour la France. Cela passe par :
• Un protectionnisme intelligent : taxer les importations ne respectant pas nos standards de production.
• Une valorisation du “produire Français” : circuits courts, transformation locale, relocalisation de la filière agroalimentaire.
• Un soutien massif aux jeunes agriculteurs pour éviter la désertification rurale et encourager la transmission des exploitations.
La relocalisation ne concerne pas seulement l’automobile ou l’électronique : elle doit aussi inclure l’agriculture, en relocalisant la production d’engrais, de matériel agricole et d’aliments pour le bétail.
Un rôle clé pour les consommateurs et les politiques
L’État doit être un acteur protecteur du monde agricole, mais les consommateurs ont aussi un rôle à jouer. Privilégier les produits français, exiger une meilleure traçabilité, refuser le dumping imposé par la grande distribution : tout cela contribue à soutenir nos agriculteurs.
Le Salon de l'Agriculture 2025 ne sera pas seulement un moment de crise. Il pourrait aussi marquer le début d’un réveil, où la France redécouvre que sa souveraineté passe d’abord par son indépendance alimentaire.
Conclusion
Face à la colère qui monte, l’exécutif joue gros. Une absence de réponse à la hauteur des attentes pourrait bien alimenter encore davantage le rejet d’une politique perçue comme hostile au monde rural.
Mais au-delà des tensions immédiates, une question essentielle se pose : la France veut elle encore être une grande nation agricole, ou choisira-t-elle de sacrifier son indépendance sur l’autel du libre-échange ?
Liam Bogaert, militant Génération Z Essonne